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L’affectophobie ou la peur de montrer ses émotions

Publié le 25 novembre 2024

Nous appartenons à une génération de refoulés émotionnels et éduqués dans le culte du héros impassible. Nous avons confondu la répression des émotions avec la maîtrise de soi. Nous vivons de plus en plus dans une pandémie d’affectophobie qui confond la répression des émotions avec le contrôle et l’autonomie personnels, niant des millions d’années d’évolution de groupe, de dépendance mutuelle et d’altruisme réciproque. La guérison de tout traumatisme implique la reconnaissance des émotions et personne ne profite d’une vie bien remplie sans les partager. L’affectophobie est la phobie d’exprimer ses émotions. Nous pensons que les montrer, c’est montrer ses propres faiblesses, des faiblesses qui sont lourdes à porter, aussi cela nous compromet, car il est normal de nos jours de savoir toutes les maîtriser.

Il existe actuellement deux phénomènes : la répression individuelle des émotions et leur surexpression tribale, deux phénomènes qui sont liés. En effet, nous avons tendance à compenser la répression de nos émotions en tant qu’individus en les surexprimant en public, souvent banal, dans le domaine du sport ou de la politique. Par conséquent, les dirigeants capables de susciter davantage d’émotions tribales occupent l’espace public et, donc, le pouvoir. 

L’affectophobie rend difficile la résolution des traumatismes, car ceux qui souffrent répriment les émotions qu’ils génèrent.

« Mes problèmes sont les miens » : une croyance bien ancrée

C’est le genre de croyance que nous devrions bannir. Parce que ce n’est pas vrai. Les sociétés rurales savaient qu’il fallait d’abord assumer les traumatismes avec des rituels de deuil en groupe : personne n’était jamais laissé seul avec son malheur. Et seulement lorsque le rituel collectif a pris fin, le deuil personnel peut commencer.

L’homme croit que les émotions lui enlèvent le contrôle de lui-même et de la situation. Les femmes les craignent aussi, mais elles ont plus de gymnastique émotionnelle et sont plus habiles à les gérer.

L’idéal aujourd’hui est d’être autonome. Mais c’est impossible. Nous avons évolué pour dépendre des autres. Et l’aide des autres ne vous rend pas plus faible, mais plus fort. La solidarité contre les traumatismes renforce également toute la communauté. C’est comme l’assurance de l’absence de solitude face aux malheurs que nous pouvons tous souffrir. Cela nous rassure.

Se fermer de ses émotions permet-il de se protéger ?

En vous protégeant et en reniant vos émotions, vous fermez également l’accès à toutes ces précieuses ressources de récupération après un traumatisme dont l’évolution nous a doté. Et nous y avons beaucoup plus accès lorsque nous nous connectons avec les autres.

En montrant nos émotions, nous récupérons la grande quantité d’énergie pour nous guérir dont nous avons besoin pour les réprimer. -psychologue.net-