Vivre un deuil pendant les fêtes
Comment aborder les fêtes alors que l’on vient de perdre une personne proche ?
Laurence Picque -psychothérapeute clinicienne spécialiste du deuil-: Avant tout, la personne endeuillée doit s’écouter, car le deuil est une expérience singulière, propre à chacun. Le deuil est une traversée, et sa manière d’être vécue dépend de nombreux facteurs : le contexte familial, social, culturel, l’entourage, ainsi que la personnalité de chaque individu.
Il n’est pas nécessaire de se conformer à une sorte d’injonction sociétale qui voudrait que Noël ou le jour de l’An soient absolument des moments de fête. Tout le monde n’a pas à y participer de la même manière, surtout dans des contextes comme le deuil.
S’écouter signifie ne pas céder automatiquement à ces attentes ou aux conseils, même bien intentionnés, de l’entourage. La bienveillance des proches peut parfois se révéler maladroite et ajouter une pression supplémentaire à la personne en deuil.
Chacun doit pouvoir déterminer ce qui lui convient : participer aux festivités, ou au contraire, s’en éloigner, si cela semble plus en phase avec ses émotions. Il est tout à fait acceptable de ne pas ressentir l’envie de fêter ces moments lorsque l’on est submergé par la tristesse.
Il ne faut surtout pas se forcer à assister aux fêtes de famille ?
Laurence Picque -psychothérapeute clinicienne spécialiste du deuil-: Se forcer à être présent lors des fêtes de fin d’année en famille ou entre amis peut parfois être contre-productif, voire douloureux. C’est le cas, par exemple, si l’on décide de participer uniquement pour la famille ou les enfants, en se disant que l’on ne veut pas les priver de ce moment festif malgré un manque d’envie personnelle.
Il y a là un certain paradoxe car ce choix peut renforcer le principe de réalité : la place laissée vide par un proche disparu peut être un rappel tangible de son absence mais s’inscrit aussi dans le processus de deuil. Autour de la table, ce vide peut être à la fois douloureux et porteur de sens, permettant de célébrer la mémoire de la personne disparue.
Cependant, il est tout aussi légitime de ne pas ressentir l’envie de vivre ces fêtes de manière traditionnelle. Dans ce cas, il peut être apaisant de rompre avec les habitudes et de choisir une alternative : partir à l’étranger, passer du temps dans un lieu éloigné du contexte familial. Tout simplement s’autoriser à vivre cette période différemment, sans contraintes.
Le processus de deuil est souvent empreint d’ambiguïtés et de paradoxes. Ce qui peut sembler réparateur pour certains ne l’est pas forcément pour d’autres. Il s’agit donc, encore une fois, de nuancer, de s’écouter et de respecter ses besoins.
-ledauphine.com-
